Petites histoires d'un tour de Corse Cyclotouriste

Etape 4 : Zonza - Ghisoni  101km D+1789 le 8 Octobre 2020

 

Notre remontée vers le Cap Corse se poursuit. Ce jeudi matin, un franc soleil est au rendez-vous.

Il est 9h30, ciel bleu, température clémente. Aucun doute, nous allons passer une belle journée...

Au 4ème jour, la routine s'installe. Après un petit déjeuner copieux, place à la corvée de chargement des bagages.

On est organisé maintenant. Chaque sac, chaque valise trouvent leur place exacte, toujours la même, dans le coffre, sous les sièges, etc, etc... Pourtant, éléments perturbateurs, les 1ers sacs de linge sale apparaissent. C'est sûr que plié par Madame ça prend beaucoup moins de place. Pour l'instant, on gère.

Aujourd'hui, nous allons à Ghisoni,  un petit village de 212 habitants dominé par 2 sommets qui portent les noms évocateurs de Kyrié Eleïson et Christé Eleïson.

Avant de prendre la route directe, nous irons admirer les Aiguilles de Bavella.

Un point de passage obligé...

Au menu du jour également 2 autres cols, le col de la Vaccia et le col de Verde. En tout 3 passages à 1.200 m d'altitude et plus...

Pourquoi une étape à Ghisoni ? Et non pas Zicavo ou Corte comme dans la grande majorité des tours de Corse Cyclo organisés clés en main par de nombreux organismes ?

C'est simple, nous avions retenu comme postulat de base des étapes de 100 km avec un dénivelé de 1.700 m environ. Une étape Ghisoni - Corte coche toutes les cases...

Bien sûr, lorsqu'il nous faudra chercher un hébergement pour 3 personnes dans un aussi petit village, en octobre qui plus est, ce sera une autre paire de manches ! Alors 30 ou 40 cyclos d'un coup !

Il était inconcevable de quitter Zonza sans aller voir les Aiguilles de Bavella.

Ce lieu est remarquable et figure parmi les incontournables de l'île, un des rares endroits où le fameux GR 20 côtoie la route.

Les Aiguilles de Bavella

Le panneau marquant la sortie de Zonza n'est pas encore dépassé que déjà la route s'élève. Nous débutons par un véritable col...

Toujours selon Col-Cyclisme, l'ascension va nous conduire à 1.218 m d'altitude. D'une longueur de 9 km environ pour un dénivelé de 460m, le pourcentage moyen sera de 5,2% avec des passages à 7%.

Ce versant-là est vraiment facile. L'autre côté, depuis Solenzara, n'est guère plus pentu mais beaucoup plus long.

 

Profil du col de Bavella depuis Zonza

 

Après environ 1 km, la route redescend légèrement avant de "s'aplanir" totalement.

Première surprise de la journée, nous longeons un hippodrome, un vrai, avec des courses de chevaux. L'hippodrome de Viseo, le plus haut d'Europe...

Ensuite, la montée très régulière, en forêt, nous conduira jusqu'à une zone d'arrêt aménagée sur la gauche de la route.

Un superbe point de vue et l'endroit rêvé pour les photos, inutile de s'arrêter avant.

J'y arrive quelques minutes après Patrick et je le retrouve en compagnie de l'incontournable Jeannick.

Nous repartons jusqu'au sommet, distant de quelques centaines de mètres seulement. Jeannick nous klaxonne au passage. Un troupeau de vaches en liberté dans une aire de pique-nique nous regarde passer. Nous y sommes ...

 

En direction de Quenza et Aulenne depuis Bavella
En direction de Quenza et Aulenne
Le panneau au sommet du col de Bavella
Le sommet de Bavella
Charcuterie corse sur pattes
Charcuterie corse sur pattes
Table d'orientation au sommet du col de Bavella
Table d'orientation
Les Aiguilles de Bavella - Point de vue dans la montée
Vue des Aiguilles dans la montée
Troupeau de vaches en liberté au sommet de Bavella
Troupeau en liberté
Vache émergeant des fougères
Vache émergeant des fougères
Sommet de l'Alta Rocca à gauche des Aiguilles
L'Alta Rocca à gauche des Aiguilles
Notre Dame des Neiges - Patronne de l'Alta Rocca
Notre Dame des Neiges

Au sommet, le point de vue sur les Aiguilles de Bavella est saisissant et un ciel d'un bleu profond couronne Notre Dame des Neiges la patronne de l'Alta Rocca.

Après quelques photos, un dernier au revoir à Jeannick qui repartira vers Figari prendre l'avion après sa balade du jour aux Aiguilles, nous redescendons sur Zonza. A plus tard Jeannick, en Bretagne pour un tour de ta belle région ?

Pour rejoindre Ghisoni, il n'y aura pas de problème de navigation, une seule route la D420 jusqu'à Aulènne, la D69 ensuite.

Pas de stress avec le GPS. C'est à droite...

Craignant de passer la journée sans voir âme qui vive, nous achetons le sandwich quotidien à Zonza.

C'était stupide ! Plus loin, il y aura plusieurs villages dont Aulènne, grosse bourgade que nous atteindrons vers 13h00. Au moins le sandwich se sera bien baladé.

Sur le parcours entre Zonza et Aulènne, pas grand-chose à dire...

Une vingtaine de km dans la montagne corse, une route en mauvais état d'abord, déploiement de la fibre optique oblige, beaucoup mieux par la suite, un environnement largement boisé et quelques ruisseaux...

Eh oui, la fibre se met en place aussi dans l'Alta Rocca. Rien à redire, sauf que les tranchées restent un peu en l'état et les routes sont défoncées. Nous le reverrons en d'autres points de l'île.

Nous traversons Quenza, Sorbollano et Sera-di-Scopamene, le plus haut village de l'Alta Rocca. A chaque fois, une petite grimpette de 3 ou 4 kilomètres pour arriver dans le village. Il fait toujours grand bleu au-dessus de nos têtes.

Le chateau de Quenza sur la gauche de la route

A Quenza, nous apercevons une drôle de bâtisse avec une tour carrée. Cette construction étonnante à un tel endroit attire ma curiosité...

Il s'agit du château de Quenza.

le Petit Futé nous le décrit comme "Une belle maison de maitre à tour carrée et fenêtres à colonnettes, demeure de la famille Colonna Cesari qui fut édifiée avec des pierres importées de Toscane, sur le modèle du Palazzo del Podesta de Florence. Ce Palazzo de style néo-renaissance florentine est unique en Corse"

De construction récente (1935), l'ouvrage est pourtant en très mauvais état, limite ruine et cherche à s'inscrire dans la mission Patrimoine de Stéphane Bern

L'église Saint Nicolas à Serra-di-Scopamene

A Serra-di-Scopamene, le village est un peu en contre-bas de la route, nous apercevons quand même une église.

L'église Saint Nicolas a été construite entre 1620 et 1683.

"Edifice de plan allongé, à chevet plat, formé d'une nef et d'un chœur légèrement en retrait voûtés en berceau à lunettes. Présence d'une tour-clocher." selon la fiche du Ministère de la Culture.

Aulènne

Nous arrivons dans ce charmant village à l'heure du déjeuner. L'endroit idéal pour déguster un sandwich "transpireux" et réchauffé par une bonne heure de vélo.

Le veau amoureux du lion de la fontaine d'Aulenne
Pas trop envie de remplir sa gourde !
Accueilli par le veau en train de se désaltérer à la fontaine, nous nous installons sur la place de l'église, très minérale et parfaitement restaurée.

Confortablement installés sur un muret tels des lézards de base, nous avons la surprise de voir passer un sanglier qui descend une petite rue, en plein midi et en plein village...

Aurait-il rendez-vous avec le veau à la fontaine ? Je le prends bien en photo, il est un peu loin pour un cliché exploitable. Dommage...

L'église Saint Nicolas d'Aulenne
Eglise Saint Nicolas
Monument aux Morts d'Aulenne
Monument aux Morts
Le porche de l'église
Porche de l'église

Sans réelle raison, ce village aura été un petit coup de cœur. Je me verrais bien passer quelques jours ici.

Ses animaux surprenants, le soleil omniprésent et le bleu magique du ciel y sont certainement pour beaucoup.

Au passage, j'ai photographié le monument aux morts du village.

Dix morts de la même famille durant la guerre de 14-18 dans ce petit village. C'est impressionnant !!!

En creusant un peu le sujet, j'ai pu relever que la Corse avait payé un lourd tribut à la grande guerre, plus important que la moyenne nationale.

Col de la Vaccia

Dès la sortie d'Aullène, nous débutons l'ascension du col de la Vaccia, une montée facile qui va nous conduire à 1.193 m d'altitude une douzaine de kilomètres plus loin. Le pourcentage moyen est de 3%, la pente maximale atteindra 6,3% dans la partie terminale.

Peu de littérature sur ce col, même Col-Cyclisme ne le connait pas sur ce versant Sud - Nord.

Une route en pente douce s'étire paresseusement le long de la montagne, un peu de végétation au début et quelques bâtisses. Le revêtement est très correct. Cette ascension est un régal.

Au loin, on aperçoit parfaitement le passage du col, sur la gauche, complètement aride. Plein sud et plus un arbre. En été, il est certainement difficile de passer par là.

A moins de 3 km du sommet, un grand virage à gauche commande l'accès à cette dernière partie désertique. Nous abordons en réalité les contreforts du plateau de Coscione célèbre pour ses pozzines. Le paysage est superbe.

C'est déjà fini... En haut, comme d'habitude pas de panneau.

Nous pensions trouver, comme son nom l'indique, un troupeau de "Vaccia" au sommet.

Et bien non, même pas une. Pourtant, il y a bien quelques spectateurs en pleine sieste qui ne lèveront même pas la tête pour nous regarder passer. Faudrait-t-il rebaptiser la montée ?

Le début de la descente, toujours dépourvu de végétation offre de beaux panoramas sur le Haut-Taravo.

La route est belle et Patrick beaucoup plus "Nibali" que moi se régale.

Le Taravo depuis le col de la Vaccia

Le Taravo depuis le col de la Vaccia

L'auberge au sommet du col de la Vaccia

Au sommet pas de panneau, une auberge

Un groupe de spectateurs enthousiastes au sommet du col

La foule enthousiaste au passage des coureurs

Torrent dans la descente du col

Un torrent dans la descente du col

Nous nous retrouverons à Zicavo, en bas de la descente, pour parcourir ensemble une dizaine de km quasi-plats jusqu'à Cozzano qui marquera le début de la dernière difficulté du jour.

Patrick, qui a apparemment des fourmis dans les jambes aujourd'hui, a décidé de pousser jusqu'au col de Sorba, sur la route de Corte, après Ghisoni. Il part en éclaireur...

Col de Verde

Comme pour le col de la Vaccia, aucune information n'est disponible sur Col-Cyclisme pour ce versant.

Wikipédia indique qu'il culmine à 1.287 m d'altitude au bout d'une longue montée, près de 18 km. Il offre un pourcentage moyen de 3,2% sans dépasser 5%.

Vu son altitude, quand même respectable, il joue dans la cour des 4-5 plus hauts sommets de l'île et marque le passage entre la Corse du Sud et la Haute Corse.

Encore une montée facile, dans la végétation. La longueur n'est pas un problème. Au contraire, le plaisir durera plus longtemps. Température idéale.

Je roule seul, comme j'aime tant... Vraiment seul, personne jusqu'au sommet. Le pied !

Pour ceux qui connaissent, ce col fait un peu penser au col des Fourches dans les Maures qui mène en direction de Notre Dame des Anges.

En haut c'est un peu plus animé. La route croise à nouveau le GR 20. Entre ici et les Aiguilles de Bavella où nous étions ce matin, les randonneurs auront traversé le plateau de Coscione. Marine y est actuellement, nous saurons ce soir si c'est aussi beau qu'on le dit.

Toujours pas de panneau, uniquement le squelette sur un poteau.  Pourquoi tant de haine envers les cyclistes ? J'aurais bien aimé ramener un souvenir de ce moment. Un moment, au sens littéral, hors du temps....

Panneau entrée de Zicavo
Zicavo point de passage obligé du tour de Corse
Dans la descente du col de Verde
Dans la descente du col de Verde

Moment tellement hors du temps que je constate, en recherchant des photos pour illustrer l'ascension de ce col de Verde, qu'il n'y en a pas !

Gavé d'endorphines, j'ai oublié d'en faire... Trop fort.

Il ne reste plus qu'une quinzaine de km à parcourir, en descente, pour en terminer de cette étape. Rien ne presse, le soleil est encore haut. Décidément, la journée est belle.

Arrivée à Ghisoni

Arrivée tout près de Ghisoni
En arrivant à Ghisoni
Les sommets dejà enneigés au dessus de Ghisoni
Sommets enneigés au dessus de Ghisoni
Kyrié Eleïson depuis notre chambre d'hôte
Le rocher de Kyrié Eleïson

La descente vers Ghisoni se passe sur une route pas exactement parfaite mais où chaque problème est signalé par un marquage à la bombe de peinture fait directement sur le bitume. C'est très sécurisant. A gauche, la bifurcation vers la station de ski de Ghisoni Capanelle à une dizaine de km. Encore quelques kilomètres et j'arrive.

Un ciel bleu profond, magique, m'aura accompagné tout au long de la journée.

panneau d'entrée à Ghisoni terme de la 4ème étape
Une bien belle journée, la plus belle du séjour d'un point de vue météo, s'achève. Aujourd'hui ce n'était que du bonheur. Même pas fatigué !

En revanche, il n'y aura pas de bières au programme. D'abord, je suis encore seul. Marine et Patrick arriveront dans une heure. Ensuite et surtout, il n'y a pas de troquet dans le coin...

Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas forcément.

Le gite, ce soir, ce sera chez Mathilde. Une maison d'hôte à 1 km du village au lieu-dit Aghja.

Un couple de retraités et leur fille qui mettront à notre disposition l'étage de leur maison.

Le gite mais pas le couvert... Attention, il n'y a rien par ici ! Bien prévoir d'amener son casse-croûte sinon c'est régime.

Lieu dit Aghja Chez Mathilde

 

Au lieu d'une petite chambre d'hôtel, nous aurons un véritable appartement de 80 m2. Deux chambres, 2 salles de bain, une kitchenette. C'est pimpant, la literie est top, la télé fonctionne...

Les chambres d'hôtes, une piste à creuser pour un prochain séjour. En petit comité, c'est tout aussi sympa que l'hôtel.

Demain matin, nous aurons du mal à repartir la discussion s'éternisant avec les propriétaires, des gens charmants.

Le prix, n'en parlons pas... 30€ par personne, imbattable.

 

Le parcours de cette 4ème étape : URL Strava et pour finir la trace au format GPX pour votre GPS vélo

 

Copyright : Les photos légendées en vert sont de Marine, en rouge de Patrick. En bleu ce sont les miennes.

Vous avez des commentaires, des remarques sur cet article. Vous envisagez vous aussi de faire un tour de Corse à vélo, vous l'avez déjà fait ?

N'hésitez pas à adresser un mail à l'auteur : Contact Auteur  Nous pourrons échanger sur nos expériences.

 

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